Une liste de ressources sur les événements se déroulant dans les années 90, en Algérie, la décennie noire.
La décennie noire est un épisode particulièrement méconnu et mal documenté de l’histoire récente de l’Algérie malgré son bilan très lourd, en Algérie bien évidemment, mais également ses ramifications directes en France (les attentats du GIA) et ultérieures, ce conflit pouvant être regardé comme une matrice du phénomène de l’islamisme dans le monde.
J’ai personnellement été (très indirectement) confronté à cette période, chez une amie très proche, dont une partie de la famille vivait alors en Algérie, je me souviens particulièrement les appels téléphoniques fragiles et gresillants, la peur au ventre, la tension palpable dans le silence du pavillon de banlieue d’Athis Mons.
Lorsque j’ai essayé de me documenter sur ce conflit des années plus tard, - parce que je voulais saisir ce que je n’avais pas compris sur coup - je n’ai pas été capable de trouver beaucoup de ressources fiables. Benjamin Stora parle de guerre invisible sagissant de ce conflit ; celle-ci a en effet été invisible lors de son déroulement même, les massacres se déroulant hors champ médiatique, la nuit : c’est une guerre à Huis clos qui s’est déroulée. Et puis, la loi de Concorde civile imposée par le pouvoir algérien à la sortie du conflit a empêché le travail de mémoire et rendu difficile celui de l’historien. S’il est compliqué de trouver des ressources, c’est aussi, peut-être surtout qu’il n’y en a pas beaucoup accessible au profane de bonne foi.
Pour autant, cette histoire là ressort de façon sporadique au travers d’oeuvres, essais, films : si elle ne peut pas s’exprimer, la mémoire ne s’empêche finalement pas. Elle peut-être suspecte, encore aujourd’hui ; une journaliste du service public, insoupçonnable de tentation droitère, reprendra aisément un vocable très (extrême)-droitier : “Daoud n’est-il pas l’expression d’une forme d’ambition laïcarde ?”, preuve, au moins, que l’épisode génère surtout de la confusion, de la projection, du fantasme.
Je souhaite simplement ici lister les ressources, finalement peu nombreuses, que j’ai pu glaner au fil de mes pérégrinations. Certaines sons lues, écoutées, visionnées, d’autres non (mais le seront peut-être plus tard). cette liste pourra être complétée au fil du temps et de mes découvertes.
Romans 🔗
Essais/témoignages 🔗
- La guerre invisible - Algérie, années 90 par Benjamin Stora, qui prend le sujet par l’angle de la mémoire de cette guerre civile, la chappe d’oubli imposée par le pouvoir algérien et la concurrence mémorielle avec la Guerre d’Algérie
- Une éducation algérienne - Wassyla Tamzali, récit d’un parcours en Algérie, de la libération à la guerre civile. Si cette dernière n’est pas le centre du livre, la montée de l’intolérance islamiste, de la violence est évoquée en toile de fond du’une partie du témoignage.
- Qui a tué Bentalha - Nesroulah Yous
- L’apprentissage démocratique en Algérie (1988-1992): Apprentissages politiques et changement de régime - Myriam Aït-Aoudia
- Algérie, les écrivains de la décennie noire - Tristan Leperlier
Podcasts 🔗
- Algérie : comment raconter la décennie noire ? - Signe des temps, émission de Marc Weitzmann.
- La décennie noire : une mémoire qui refait surface - Cultures Monde, émission de Julie Gacon et Mélanie Chalandon.
Films 🔗
- Abou Leila, film d’Amin Sidi-Boumédiène (2020). Polar nerveux, traque d’un terroriste dans le désert Algérien et parfois un peu confuse, mais une mise en scène et une image remarquables. (Une critique du film).
- Le repenti, film de Merzak Allouache (2012), qui aborde les ambiguités de la loi de concorde au sortir du conflit. (Une critique du film).
- Des hommes et des dieux, film de Xavier Beauvois (2010), relate l’histoire, la vie, la résistance et la fin tragique des moines de Tibhirine.
- À mon âge, je me cache encore pour fumer, film de Film de Rayhana Obermeyer (2018), tiré d’une pièce de théâtre éponyme, relatant l’intimité de femmes dans le cadre d’un hammam, au prise avec les événements tragiques et les tensions du moment (Une critique du film)
- Les bienheureux, film de Sofia Djama (2017), chronique douce amère d’un pays encore meurtri par la guerre civile, quelques années après. Les événements ne sont pas évoqués directement, mais planent encore comme une ombre sur les destins individuels et le pays.
- Papicha, film de Mounia Meddour (2019)
- Maintenant ils peuvent venir, film de Salem Brahimi (2015)
Un plan tiré du film Abou Leila