Chronique un peu crépusculaire d’un corps qui s’enfuit.
Une cérémonie d’enterrement un peu triste est le prétexte de raconter la vie d’un homme, le défunt, jamais nommé
Il n’y avait que le corps, né pour vivre et mourir selon des termes décidés par les corps nés avant nous. Son créneau philosophique à lui, si tant est qu’il en eût un, il l’avait découvert de bonne heure, intuitivement, et dans son minimalisme, il était indépassable ; s’il écrivait un jour son autobiographie, il l’intitulerait Vie et Mort d’un corps d’homme. Mais comme à sa retraite il s’était essayé à la peinture et non à l’écriture, il avait donné ce titre à l’une de ses séries d’abstractions.
C’est cette vie et mort d’un corps que le personnage n’a pas pu écrire que propose Philip Roth dans ce récit de la vie d’un homme qui, au soir de sa vie, diminué par la vieillesse, fuit par sa (en réalité, plusieurs) famille devenue distante suite à des trahisons, des tromperies, contraint d’abandonner peu à peu ses activités par crainte de l’accident, par manque d’enthousiasme (sa vie professionnelle, la natation, la peinture) et voit peu à peu ses amis eux même disparaître : il ne lui reste que compagnonnage d’un corps devenu déloyal et le spectre de la mort qui le hante.
À la porte de l’éternité - Vincent van Gogh