Une enquête dans les décombres d’un Tokyo dévasté, après la capitulation.
C’est une ville dévastée par les bombardements, une société décomposée par la défaite, l’humiliation de la capitulation, le joug de l’occupant, les vainqueurs qui sert de cadre à ce roman. Des individus en quête de survie ; une quête obsessionnelle, lancinante oppressante dans un monde incertain ; personne ne sait de quoi sera fait le lendemain ; personne n’est qui il prétend être, d’anciens criminels se cachent, d’anciennes victimes disparaissent volontairement.. Personne n’est qui il prétend être
La violence est omniprésente, celle de la guerre qui ronge encore les esprits, celui du détective Minami, qui enquête sur une série de meurtres sordides ; celle des gangs criminels qui profitent du chaos pour faire prospérer leurs activités ; celle du meurtrier, finalement, dont les motivations resteront opaques tout au long de l’ouvrage ; le détective cherche à faire la lumière sur ses crimes, son passé, tandis que le sien, celui de ses collègues, de ses proches, de sa maîtresse restent obstinément opaque.
Le détective Minami s’obstine à retrouver les victimes du tueur, afin qu’il puisse être jugé, voir un semblant de justice dans un environnement qui ne semble plus capable d’en fournir. Les bourreaux d’hier volent l’identité des morts, Personne n’est qui il prétend être pour y échapper.
Les cadavres sont partout, les disparus aussi, Avant la guerre, il y avait vingt disparitions par mois, constate l’inspecteur Kai. Maintenant, il y en a entre deux et trois cents…, la tâche, titanesque, est de les identifier pour les attribuer au tueur.
S’il n’y a pas de justice, peut-être y a t’il une forme de libération, si ce n’est de rédemption pour l’assassin - qui est peut-être aussi celle de la société japonaise - à pouvoir quitter cet enfer en ayant été démasqué de ses propres crimes :
Les esprits des morts de mes crimes passés
Me font sursauter.
Et alors que, plongé dans le désespoir, je consacre mes
Jours d’attente de ma mort,
Je songe à la douceur qui m’a été accordée,
Jusqu’à la toute fin,
Et fait couler mes larmes sans limite.
Kodaira Yoshio, 19491.
Tokyo bombardée - 1945
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Kodaira Yoshio est le tueur en série dont le roman s’inspire. Il a été exécuté en 1949. ↩︎