On aura tout essaye - Chloé Morin - Chloé Morin - (2023).
à travers une série d’entretiens, Chloé Morin interroge un ensemble de décideurs publics - hommes politiques, syndicaux, économiques - sur leur évaluation de l’état du pays : est-il ingouvernable ? Quels sont ses problèmes ? Comment les résoudre ? Le tout sous l’ombre d’une Marine Le Pen, à la fois omniprésente, menaçante et insaisissable.
(notes temporaires)
Pour répondre à ces questions, Chloé Morin a écouté un ensemble de responsable pour leur permettre de donner leur analyse sur ces questions - avec en toile de fond l’élection de 2027 et cette question lancinante : l’arrivée au pouvoir de Marine Le-Pen est-elle inéluctable ?
Le grand mérite de l’ouvrage est d’être loyal vis-à-vis des personnes interrogées, et d’essayer de sortir du culte de la petite phrase ni déformer les propos. Ceci donne accès à un ensemble de discours de personnes publiques sous un format qui n’est pas si fréquent - sans trop avoir à souffrir des interférences de la vie politicienne telle qu’elle s’exerce de nos jours. Cette façon de procéder donne accès à des hommes politiques qui semblent impliqués, souvent sincères et assez inquiets.
A noter que la gauche est - me semble t’il - moins représentée parmi les personnes interrogées ; une bonne partie des personnes contactées ayant refusé l’entretien, au prétexte que l’auteur ne partageait pas leur vision politique (singulier signe des temps).
On ressort toutefois de la lecture un peu frustré et inquiet.
S’il semble y avoir un certain consensus sur un ensemble de causes, je peux citer pèle mèle : le poids de la dette, la priorité donnée à la redistribution face à l’investissement, la bureaucratie envahissante, une culture politique plus portée sur l’affrontement que la recherche du compromis, des services publics défaillants, un bruit médiatique proche de l’hystérie et en tout état de cause complètement irresponsable, le culte de la réforme cathédrale, un droit à l’erreur absent… et bien d’autres encore ; le livre laisse cependant un peu frustrant sur la hiérarchisation de ces différents sujets, et sur l’identification des postes possibles pour essayer d’en améliorer ou corriger certains aspects particulièrement délétères (mais l’honnêteté m’oblige à dire que ce n’était pas forcément l’objet de l’ouvrage).
Il subsiste également une forme d’inquiétude, dans la mesure où il laisse l’impression d’être face à des décideurs un peu tétanisés et impuissants face à l’ampleur de la tâche, et ce n’est pas un reproche non plus : qui ne le serait pas ? Il semble y avoir simplement trop de tâches et de sujets à mener de front - certaines d’entre elles étant en elles même titanesques, pour ne pas se sentir un peu découragé par avance.
Enfin, l’ouvrage se termine par l’interview de Marine Le Pen, qui est à la fois omniprésente, menaçante et un peu insaisissable dans le reste de l’ouvrage : si on discours semble quelque peu artificiel, il est aussi très bien rodé, et s’appuie à merveille sur toutes les failles précedemment évoquées par les différents protagonistes au cours de leurs entretiens.