Je ne suis pas un très grand lecteur de science fiction, pour euphemiser, mais il faut reconnaître que celui s’avère être un très efficace page-turner.
Sans dévoiler l’histoire, le récit s’ancre dans la révolution culturelle Chinoise - qui n’est pas sans rappeler certains passages de Beaux seins, belles fesses - et met en abyme cette idée que la connaissance scientifique pourrait-être principalement une affaire de positionnement politique, un champ de bataille comme un autre.
Menteur ! hurla une jeune garde rouge à côté de lui. Einstein était un représentant de l’Autorité académique réactionnaire ! Et, comme les mauvais esprits se rencontrent, il est parti fabriquer la bombe atomique pour les impérialistes américains ! Si nous voulons fonder une science véritablement révolutionnaire, il nous faut d’abord mettre à bas le pavillon noir de la théorie de la relativité qui représente les intérêts de la classe bourgeoise !
Liu Cixin pousse cette idée jusqu’au bout : et s’il était possible d’aller jusqu’à rendre la recherche fondamentale quasiment impossible, en la pliant à des exigences politiques ? Pour conquérir le pouvoir, serait il possible de rendre impossible l’effort de rationalisation jusqu’à le rendre intrinsèquement vain ? Il y a une résonkance un peu étrange avec certains mouvements et débats politiques actuels.
S’il n’est pas sans défauts, parfois un peu agaçant de clichés - mais c’est aussi l’exercice de la littérature de genre - il attrape également remarquablement bien la dimension quasi religieuse des mouvements révolutionnaires, en bâtissant son récit autour d’une sorte de polar d’investigation scientifique, très bien ficelé.
Crépuscule brillant, Pan Tianshou.