Fils de l’homme

Une enquête mystico-criminelle.

Le sergent Nam, chargé de l’enquête sur la découverte d’un corps, dessine peu à peu le portrait de la victime à travers ses investigations, interrogatoires, mais aussi les cahiers du défunt, dont le récit de la vie d’Ahasvérus, ses errances, ses interrogations, semblent retracer la sienne propre, ou en tout cas, ses propres obsessions.

C’est une bêtise de le croire. Si notre Dieu était si charitable et plein d’un tel amour, il ne fallait pas qu’ll nous donne dès le départ cette liberté ambigue. Alors, Adam n’aurait pas cueilli le fruit de l’arbre de Vie et nous aurions pu ne pas être sous le joug du péché originel. De plus, s’Il nous a donné la liberté, il ne fallait pas imposer la loi d’interdit. Ainsi l’acte d’Adam n’aurait pas été un péché. Mais lahvé, chargeant sur notre faible volonté ces deux fardeaux, s’est déchargé sur nous de la responsabilité du choix. Sur nous qui ne pouvons qu’être irresponsables, qui ne sommes que Ses créatures. Et, ce qui est pire, le nombre d’interdits n’a fait que croître, alors qu’il n’y en avait qu’un dans l’Eden. Les différents édits d’avant Moise, les plus de quatre mille enseignements contenus dans la Torah ainsi que les innombrables lois d’interdit cachées dans la Mishnah et tant d’autres textes, je ne comprends absolument pas pourquoi ils sont nécessaires, ni quel rapport ils ont avec notre salut et notre vie éternelle. Pourquoi un chemin aussi détourné et douloureux nous est-il imposé, à nous Ses fils chéris ?

A travers cette recherche, Ahasvérus, comme la victime, finit par être isolé du monde, insatisfait ; il vit dans la pauvreté, l’isolement, oscillant entre quête mystique, silence, harangue prophétique, colère et impossibilité à trouver une quelconque sérénité dans son errance.

Sa quête qui l’aura conduit à fabriquer un nouveau dieu personnel, l’aura aussi isolé du reste de l’humanité, sa divinité de raison le laisse également dans un monde désincarné, solitaire, incompris : cette condition, loin d’apporter du réconfort, est une source de grande souffrance.

Il voulait retourner à son ancien Dieu et à son Eglise. Dans cette religion de femmes et d’esclaves, dans ce Verbe dogmatique et la passion de la persécution… Il a dit qu’il était triste et qu’il avait peur. Il a dit qu’il était épuisé par notre Dieu qui ne souriait pas, ne se fâchait pas, qui n’était ni triste ni content, qui ne grondait ni ne récompensait. Il a dit que tout était aussi vide, le mal sans punition aussi bien que le bien sans récompense.

Nativité

Scène de nativité, par l’artiste coréentermin Kim Ki-Chang