La végétarienne, Han Kang

Un soir, Yeong-Hye décide brutalement d’arrêter de manger de la viande, de devenir végétarienne.

Son mari la surprend pendant la nuit en train de vider le réfrigérateur, le congélateur, elle a décidé d’arrêter de manger de la viande. La raison de son choix reste obscure, le résultat d’un rêve qui provoque une répugnance profonde pour la viande, la chair. Sa détermination est sans faille ; elle perdu du poids au point d’en devenir méconnaissable, presque cadavérique.

Le récit est composé en trois tableaux, autant de point de vue, son mari, son beau frère et sa soeur. Autant de points de vue qui, loin d’éclaircir les motivations profondes de Yeong-Hye. Ces trois proches sont face à un mystère insaisissable qui vient heurter et dérégler leur propre existence. Leurs réactions sont différentes, parfois brutales, mystérieuses : son mari fuit, demande le divorce, ne pouvant pas assumer la bifurcation d’une existence qui ne peut plus s’inscrire la vie qu’il avait choisi avec sa femme.

Son beau frère l’accompagne dans sa folie et l’entraîne dans une expérience érotico-artistique très sensuelle mais un peu déconcertante. Chacun projette ses propres démons, ses propres inquiétudes, insécurités sur l’attitude de Yeong-Hye, qui ne peut donner en retour que le mystère de son choix.

Sa soeur, enfin, l’accompagne sur son dernier chemin tout en gérant sa propre vie bousculée, se retrouve à réévaluer sa propre existence, ses propres choix de vie. Quoi qu’il arrive l’autre reste opaque, illisible, peut-être que la sensation de familiarité rassurante du quotidien n’est que le reflet d’une forme d’habitude et de routine, qui reste fragile.

Yönghye a peut-être déjà connu, longtemps auparavant et en accéléré, la peine et l’insomnie que Inhye est en train d’endurer en silence, pour aller encore plus loin. Ce faisant, elle a peut-être fini par lâcher le mince cordon qui la reliait au quotidien. Pendant ses trois mois sans sommeil, elle s’était dit dans son trouble que, sans Chiu - sans la responsabilité qu’il lui impose -, elle aurait fini elle aussi par larguer toute amarre.

John Everett Millais - Ophélie

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