La guerre de 30 ans - Henry Bodgan
L’ouvrage retrace le déroulement de la guerre de 30 ans, conflit multiforme qui a ravagé le saint empire germanique, sur la première moitié du XVIIe siècle.
Difficile de résumer une guerre qui a duré 30 ans a été alimenté par plusieurs dynamiques : tout commence par une situation de conflit entre les différents Princes allemands et l’empereur Ferdinand II, à la fois pour des questions d’indépendance et d’autonomie des princes par rapport à l’empereur, mais également autour de questions religieuses, dans la continuité des conflits inhérents au développements de la réforme protestante. En effet, si, depuis la paix d’Augsbourg les princes allemands sont libres de choisir leur confession et celle de leurs territoires (selon le principe « Cujus regio, ejus religio »), ce principe est plus ou moins frontalement remis en case par l’empereur, qui désire “re-catholiciser” l’empire : plutôt régner sur un désert que sur un pays peuplé d’hérétiques.
Le conflit s’envenime jusqu’à devenir une véritable guerre civile, dans laquelle vont s’immiscer progressivement plusieurs puissances étrangères : le Royaume de Suède, qui voit ici l’occasion de se poser comme défenseur des protestants (et, ce qui ne gâche rien, permet de conquérir quelques territoires sur le pourtour de la Baltique), puis enfin la France, qui participe à ce conflit - de façon diplomatique puis ouvertement, dans le cadre d’une guerre plus générale avec le Royaume d’Espagne.
Il s’ensuit un conflit d’une durée exceptionnelle, particulièrement violent et cruel - en particulier à l’égard des civils, et tout aussi particulièrement illisible, où chacun des protagonistes semble jouer double ou triple jeu en permanence, un acteur trouvant toujours une bonne raison de remettre de l’huile sur le feu lorsque les événements semblaient pouvoir trouver une conclusion.
La guerre s’achève sur la signature des traités de Westphalie, qui positionne les états comme acteur unique - ou en tout cas privilégiés, des choses diplomatiques et militaires - traités qui constituent, si j’en crois les trop peu nombreuses lectures que j’ai pu avoir sur le sujet, les fondations de l’organisation étatique et le fonctionnement diplomatique moderne.
Le bilan de la guerre, lui est impressionnant, absolument dramatique pour les civils eux mêmes : “nous étions égorgés par les Suédois. Les Lorrains avaient tout pillé. Les Impériaux nous traitaient en ennemis et les Messins ne nous portaient aucun secours.1”. Une partie de ces violence s’explique par la prépondérance d’armées de mercenaires, et la “nécessité” pour ces armées de se livrer aux pillages en guise de solde.
A ces pillages déjà nombreux sont venus s’ajouter d’autres calamités : famines, maladies diverses (dont la résurgence de la peste, mais aussi typhus, dysentrie, …). Au final, si le bilan exact de la guerre est difficile à établir (si la connaissance de la démographie des villes pouvait être relativement fiable, il n’en va pas de même pour les campagnes) : certaine provinces perdront la moitié (voire jusqu’au deux-tiers) de leur population ; le bilan total est évalué à 5 à 7 millions de morts, pour une population allant de 15 à 20 millions d’habitants.
“Eduard Steinbrueck - Le sac de Magdebourg - (1852-1860)"
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cette citation fait echo à celle d’un abbé dans la note concernant le roman de Tyll ↩︎