Le roman imagine le parcours de Barabbas, criminel libéré à la place de Jésus lors de la fête de Pâques, de cette libération à sa propre mort.
On se rassemble donc, et c’est Pilate qui leur dit : « qui voulez vous que je libère pour vous ? Barrabas ou Jesus dit le christ messie ? »
Et eux : « Barrabas »
Pilâtes, lui, leur répond : « et que vais-je faire de Jesus, dit le christ messie ? »
Et tous : « qu’on le crucifie ! »
(Evangiles selon Mathieu, chapitre 27, traduction de Frédéric Boyer)
C’est l’histoire de Barrabas qu’imagine Lagerkvist ici, du jour de sa libération et de la crucifixion de Jesus à laquelle il assiste à la sienne propre.
La crucifixion de Jésus frappe Barabbas, semble de changer profondément, et s’il reprend sa vie d’avant, une vie de brigandage jusqu’à être attrapé et fait esclave - il devient propriété de César. Il semble perpétuellement tiraillé entre celui qu’il était, sa volonté de comprendre et peut-être rejoindre le mouvement des disciples de Jésus, leur ferveur au Christ sans jamais vraiment y arriver, au point de devenir comme absent à lui-même et aux autres.
“Et toi, crois-tu en ce Dieu d’amour ?"
Barabbas ne répondit pas.
“Dis, crois-tu en lui ?"
Barabbas fit non de la tête.
“Non ? Alors pourquoi portes-tu son nom sur ta plaque ?"
Barabbas se taisait toujours.
“N’est-ce pas ton Dieu ? L’inscription ne signifie-t-elle pas cela ?"
“Je n’ai pas de Dieu” Répondit enfin Barabbas, si bas qu’on pouvait à peine l’entendre.
(…)
“Je ne comprends pas, dit-il, pourquoi portes-tu ce “Christo Jesus” gravé sur ta plaque ?
Parce que je voudrais bien croire, répondit Barabbas.
Revenu à Rome comme esclave, il participe à l’incendie de Rome, arrêté de nouveau, il sera encore une fois condamné à la crucifixion, sans espoir de s’échapper, cette fois, mais c’est face à sa propre mort qu’il trouvera enfin une forme de paix et de compréhension du message du Christ.
“À toi je remets mon âme”.
Et il rendit l’esprit.
Il trouve ainsi une forme de rédemption face à son doute, sa solitude, et son incapacité à trouver sa place dans le monde après pourtant avoir été sauvé une première fois de la crucifixion.
Jésus devant Pilates, Codex Purpureus Rossanensis