Un recueil de conférence de Karl Popper
Si les différentes conférences s’étalent sur une grande plage temporelle et traitent de sujets différents, elle n’en ont pas moins une forme de grande cohérence interne.
Le fondement du raisonnement repose sur quelques grandes idées directrices : d’une part, le processus de sélection tel qu’il s’entend dans le Darwinisme ne doit pas se lire comme étant une sélection des organisme sous la pression d’un environnement hostiles, mais plutôt, comme le résultat de la survie des organismes recherchant activement des espaces de confort et de liberté dans cet environnement (qui peut, bien évidemment, être hostile). L’évolution - au sens Darwinien selon Popper - est le résultat de cette de recherche de confort et de liberté.
Aussi, de façon similaire, quand les acteurs d’un système possèdent une forme d’agentivité - autrement dit, de liberté propre - ils travaillent à ouvrir des espaces de liberté qui leur sont favorable dans leur environnement qui leur impose des contraintes. La recherche de ces espaces de liberté est ce qui fonde l’évolution. Pour ce qui est des acteurs de systèmes humains - qu’il soient économiques, politiques, artistiques - cette recherche de liberté, de progrès passe par une démarche d’essai-erreur qui vise en particulier à augmenter la connaissance : c’est le fondement de la démarche scientifique.
Formulée autrement : la démarche scientifique - qui est une recherche de la vérité - est une démarche d’essai-erreur, et pour qu’elle puisse être fructueuse, la liberté de pouvoir formuler librement une hypothèse, quelle qu’elle soit, doit pouvoir être assurée, de même que toute hypothèse formulée doit pouvoir être confrontée, critiquée et évaluée librement et loyalement : le seul critère d’évaluation valable est celui de savoir si, dans le long chemin qui mène à la vérité, cette hypothèse permet de faire un pas supplémentaire vers cette vérité, ou s’il n’apporte rien par rapport à l’ensemble des connaissances existantes.
Les dieux n’ont pas révélé toutes choses aux hommes dès le commencement ; mais en cherchant, ceux-ci trouvent avec le temps ce qui est le meilleur. (Xénophane)
Si la connaissance est recherche de vérité, elle ne peut pas être recherche de certitude : nous ne pouvons jamais être certain qu’une hypothèse est totalement vraie, même quand nous touchons la vérité, nous ne pouvons en être certains. La recherche de connaissance est une démarche de progrès.
Liberté de formuler une hypothèse, liberté d’évaluer les hypothèses de tiers, confrontation loyale sont ainsi les conditions nécessaires à la production de la connaissance qui elles seules autorisent la croissance des espaces de liberté et du progrès.